O seven apple on a witch's tree [ PV ]

Recroquevillée, faible, blessée, le sang coulait à flot… Entre ses bras s’agitait quelque chose. La faiblesse… Le souvenir… Oui, quelque chose avait lécher les plaies de son visage et elle avait ouvert les yeux. Rána… Le louveteau gris qu’elle avait protéger se son corps, s’exposant ainsi au danger, était en vie. Elle aussi. Elle ne pouvait bouger… que lui arrivait-il ?! Et lentement, lentement, ses forces revinrent. Et tout lui revint d’un coup… L’explosion…
Elle regarda autour d’elle. Enfermée. Prisonnière des décombres. Un grognement de rage sortit de ses lèvres tel un feulement. Le loup prit peur et recula de quelque pas. La vampire l’observa, puis tendit la main, rassurante. Le loupiot s’avança, la lécha, et la vampire se releva légèrement pour le prendre dans ses bras.
Lanfear, car tel était son nom, regarda de nouveau autour d’elle. Elle était trop faible pour songer déplacer la montagne de gravats qui se trouvait au-dessus de leurs têtes. Alors l’attente débuta. Et continua. La vampire se sentait renaître, petit à petit. Puis enfin elle fut prête… après un temps qui sembla durer des siècles.
Déchaînement de sa puissance. Ma sœur !!!


Lanfear se réveilla en sursaut, haletante. Rána se précipita vers elle, lui léchant le visage d’un air inquiet.
Encore ce cauchemar… Elle faisait le même depuis deux années. Elle était parvenue à sortir des décombres, et avait vainement chercher parmi les corps calcinés celui des êtres qu’elle cherchait. Sa sœur… Elle ne l’avait plus revue depuis. Pouvait-elle encore être en vie ?

Ce même cauchemar ?

La voix de Rána la fit revenir à la réalité. Lui aussi avait bien changé. Il avait grandi, avec développé ses forces et avait apprit à parler.

- Oui…

Lanfear se releva et regarda autour d’elle.

- Viens, sortons.

Rána acquiesça et se dirigea vers la porte. Lanfear l’ouvrit et ils sortirent.


Quelques heures plus tard, ils étaient allongés sur l’herbe, dans ce jardin que l’on appelle les Buttes Chaumont, à Paris. La Lune haute, pleine, se reflétait dans le regard mauve de la semi-vampire.

L'errance, elle n'avait connu que cela depuis cette explosion. Après que Kozue se soit bien reposer pendant une heure, ils étaient de nouveaux sortis de la taverne en laissant quelques pièces d'argent à l'accueil. La lune était belle, Helfear se sentait assez nostalgique, le loup gris trottait tranquillement à ses côtés.

" Kozue ?
- Oui ? "

Ils continuèrent d'avancer, les griffes de l'animal faisaient de petits crissement sur les pavés.

" Te souviens-tu du champ de débris il y a deux ans ? "

Le loup resta pensif un moment, pour sûre il s'en souvenait même très bien. Un océan de flamme et de braise, le louveteau marchait avec peine, le sol lui brulait les coussinets et la fumée lui irritait les narines. Malgré sa vision basse il distinguait des cadavres calcinés au sol, l'odeur de chair bruler était presque insupportable. Il continuait d'avancer quand même, au moment ou une odeur plus douce attira son attention, il se mit alors à pousser des débris pour découvrir Hel couverte de sang et de suie. Elle ne bougeait plus et le louveteau vint lui lécher le visage. Après quelques lèches, elle ouvrit des yeux rouges sang à la pupille fine et se redressa brusquement hurlant le nom de sa sœur. Kozue lui la suivait avec peine dans sa course, prise de folie elle tournait la tête de droite à gauche tel une girouette. Enfin, la vampire s'arrêta devant un katana planté dans le sol à côté d'une tache de sang.

"Ma sœur... non..."

La semi lycans se laissa tomber à genoux, les mains saisissant la lame douloureusement.

"Comment est-ce que ça a pu arriver..."

Elle serra les crocs, et tourna ses yeux vide vers Kozue qui couinait à ses côtés, triste mais bien moins qu'elle. Elle le saisit dans ses bras et l'enlaça en silence. Ils n'étaient plus que deux dans cet enfer.

Kozue continua de trotter et tourna ses yeux vers Helfear.

" Oui, je m'en souviens bien.
- Tu y as perdu un frère, et j'ai perdu une sœur. Je me demande encore, comment cela à pu arriver.
- Vikram le fondateur de la Rose Noire a accidentellement mit feu à la poudre, tout a explosé et on a survécu car on a été balayé par le souffle de l'explosion.
- Oui, je sais. "

Il y eut un silence avant que la vampire ne reprit.

" Je pense que j'irai à l'endroit... déposer des fleurs. "

Le loup n'osa pas protester et ne fit que lui afficher un regard inquiet. Même après les années, la douleur n'avait jamais baissé. Ils avaient tous perdu leur moitié dans l'explosion, d'ailleurs même Velca et Kalhan n'avait pas refait surface, ayant disparu comme de la cendre dans le vent. Kuno n'avait pas donné de signe de vie non plus, et dans les débris était resté son manteau un peu ringard.

Après une chasse fructueuse pour les deux lycanthropes, la vampire se dirigea vers les ruines de l'ancien prestigieux bâtiment. Le sol crasseux dessinait leur traces de pas, celle d'un loup et d'une femme portant des bottes à talons haut. Helfear s'agenouilla et déposa 4 roses blanches nouées d'un ruban rouge, pour les quatre morts. Kozue laissa tomber de sa gueule une autre rose pour son frère Ràna. Ils restèrent ainsi comme des statuts un moment avant de se lever pour regarder la lune qui les réconfortait de sa lumière maternel.

Lanfear cligna des yeux. Elle avait dû s’assoupir quelques instants. Elle sentait la chaleur de Rána à ses côtés, et enfonça ses doigts dans son épaisse fourrure. Ce dernier releva la tête et l’observa, ses yeux bleu clair indéchiffrables. Il se releva avec grâce.

Viens, nous devons nous y rendre.

Il était inutile de préciser où. Lan l’avait compris. Le Siège de la Rose Noire, ses décombres. Elle devait s’y rendre, faire le deuil, honorer les êtres qu’elle avait… aimer. Cette simple pensée, aimer, était plus difficile que jamais à formuler. Elle poussa inaudible et ses yeux se voilèrent un instant de rouge avant de recouvrir leur belle couleur mauve.

- Il le faut…

Elle se releva, sans se presser et sortit du parc, escaladant les barrières. Une fois de nouveau dans la rue, elle regarda la station de métro, des rires en sortaient, des rires ivres. Elle eut un grognement de dédain, puis, se mit à courir, accompagnée de Rána.
Ils coururent pendent près de deux heures, sans s’arrêter, puis arrivèrent enfin sur les lieux du massacre.
Le cœur de Lan se serra devant ce spectacle de décombres. Elle n’y était plus revenue depuis deux années.
La lune éclairait le théâtre de ses plus vives souffrances.
Elle s’avança de quelques pas, passant sans les voir devant les deux séries de traces sur le sol. Elle parvint à une élévation et tomba à genoux. Les larmes de sang qui auraient dû couler de ses joues restèrent en elle-même. Elle ne pouvait pas pleurer. Elle ne pouvait plus pleurer.
Rána vint se placer à côté d’elle, s’assit. Combien de temps restèrent-ils dans cette position ? Elle l’ignorait, mais qu’elle importance cela pouvait-il bien avoir à présent ?

Le grand loup gris releva la tête et poussa un long hurlement, un hurlement recelant toute la souffrance de ses deux êtres, la blessure qui suintait depuis deux années. Mais ce hurlement se perdit dans le vent et quiconque l’eut entendu aurait aisément pu le prendre pour le cri du vent ou un hurlement exhumé du fin fond de souvenirs anciens.

Les oreilles de Kozue se dressèrent sur sa tête, sa truffe au vent, il se retourna le regard vif et écarlate.

" Là...ça sent le loup... "

Helfear sortit de sa rêverie et se retourna également, regardant le fond de l'allée où ils se trouvaient. Ses sens en éveil, elle sentait effectivement une odeur de lycanthrope mais assez légère. Une autre odeur se dégageait du lot, encore moins prononcée que les autres.

" Ils ont l'air d'être deux. Certainement deux lupins, un sous sa forme animal.
- Oui, on s'occupe d'eux ?
- J'y comptais bien, je m'occupe de celui non transformé. "

La vampire posa sa main sur le manche du katana de sa soeur dans son dos.

" On s'annonce, ils ne nous échapperont pas. "

Hel enfonça légèrement ses pieds dans les cendres, soulevant un peu de poussière en raclant le sol, elle crispa tout ses muscles, devenant aussi solide qu'un roc. Elle prit une grande inspiration, ses poumons se remplissant d'air, puis la tête en arrière, elle la renversa subitement en avant en poussant un long hurlement de loup. Ainsi s'annonçaient les lycanthropes pendant un combat, pour les vampires c'était pareil, surtout pour les gangrels, à cette instant là , la différence était le cri.

" Ils nous ont entendu, allez-y, nous devons battre les cartes en premier. "

La vampire hocha de la tête et ensemble ils bondirent sur les décombres de la bâtisse, cherchant à les avoir de haut. La lumière déclina doucement, un nuage passait devant la lune, Hel sourit à ce fait. L'obscurité n'était pas forcément un désavantage pour eux, ils voyaient parfaitement dans le noir comme tout les êtres évolués. Kozue et Helfear n'était plus qu'à 10 mètres du groupe qu'elle distinguait en bas, silencieux, ils se laissèrent tomber sur eux, katana près à être dégainer et crocs en avant.

La vampire n’avait pas bouger, elle était toujours assise sur les décombres, le loup à ses côtés. Tous deux étaient perdus dans leurs pensées, leurs sombres pensées, aussi ne sentirent pas les deux autres personnes en approche.
Puis il y eu se cri. Lanfear se releva brusquement et Rána se tint prêt.

- Ne bouge pas, Rána ! siffla la vampire entre ses crocs.

Ce n’est que lorsque l’intrus se jeta sur elle, lorsqu’il ne fut qu’à quelque centimètre, que Lanfear réagit. Elle se laissa rouler sur le sol, et, sans attendre, sauta sur son adversaire, crocs et griffes au clair, car, depuis qu’elle avait perdu ses armes, deux ans auparavant, elle n’avait plu voulu en posséder d’autres.
Le combat qui s’engagea fut violent, les deux opposants étaient aveuglés par le combat et ne reconnurent pas en l’autre la personne qu’elles appréciaient plus que tout. Le combat fut pourtant de courte durée. Lanfear se retrouva vite à terre, le katana prêt à lui trancher la tête. En vérité, sa volonté de vivre n’était plus si vivace qu’avant. Qu’importait la mort à présent ?

De l’autre côté, Rána combattait son assaillant, usant de crocs et de griffes sans qu’aucun ne parvienne à prendre le dessus. Tous deux avaient grandi, leur fourrure s’était légèrement modifiée et ils étaient bien loin des louveteaux d’avant. Ils rivalisaient tous deux d’agilité, de vitesse et de volonté.
Mais, juste avant de balancer un coup de patte dans la gueule de son adversaire, Rána, le loup gris, fit un gigantesque bon en arrière, les yeux écarquillés et il se mit hors de portée de son assaillant.

- Helfear ?!

Kozue ?!

Ces deux exclamations avaient fusés, mélange d’espoir, de douleur, de joie et de détresse, car chacun des deux pensait avoir affaire à l’illusion d’un être chéri, juste avant leur mort…

Les muscles de Hel et Kozue se bloquèrent, les fixant sur place comme si ils avaient fait parti du sol. La lune chassa les nuages qui l'obstruaient et avec sa lumière divine, éclaira les deux adversaires qu'ils avaient devant eux. Aucun doute là dessus, cette odeur, ces yeux rouges, ces cheveux blancs, ce loup gris, cette sombre impression d'avoir un miroir devant soi...c'était elle. Le katana de sa sœur glissa entre ses doigts pour venir se planter dans le sol noir comme si il reconnaissait son véritable maître.

" Lanfear.

- Ràna. "

Ils se redressèrent de leur posture courbé d'attaquant, étant désormais droit, les bras baillant le long de leur corps. A cet instant Helfear regretta vraiment de ne pouvoir pleurer, tout autant que le jour où elle avait cru Lan morte, elle restait là à la fixer de ses yeux qui gardaient leur teinte vif écarlate. La vampire aurait voulu avoir l'esprit de se précipiter sur elle et de la serrer dans ses bras, cependant ses jambes restaient clouées.

" Je te croyais morte... je vous croyais morts..."

Au contraire d'elle, Kozue lui alla trotter doucement vers son frère, le regard luisant et le pas lourd. Il vint frotter son museau contre le sien, sentant son odeur qui lui avait tant manqué. Le loup poussa un hurlement, mélange d'une joie et d'une confusion profonde.

Et pendant que Kozue et Ràna fêtaient leur retrouvailles, Helfear restait immobile, ne clignant les yeux et n'osant bouger, prise par la peur que si elle bougeait ne serait-ce qu'un cil, cette image disparaitrait.