Awa entra dans la ville de Kilika en fin d’après midi. La cité, plutôt médiévale, semblait vivante et dynamique. Les marchands commençaient à plier leurs étals, alors que les tavernes commençaient à ouvrir.
La jeune fille à la peau noire observait de ses yeux jaunes la place principale. Il y avait là plusieurs tavernes. Elle pourrait sûrement trouver un lit, et pourquoi pas un travail…Elle rôda discrètement autour de chacune, puis entra dans celle qui lui paraissait être la plus respectable. Elle s’appelait « Au rossignol sifflotant ». Elle ôta sa capuche. Les regards des clients convergèrent vers elle : dans ce pays, il y avait très peu de personnes noires…
Awa fit un grand sourire, puis se dirigea vers le tavernier, qui était en train d’essuyer un verre. Elle s’assit en face de lui en lui souriant.
-Bonsoir, monsieur ! Je voulais savoir si vous n’auriez pas besoin d’une employée.
-J’ai déjà une serveuse.
-Je peux faire autre chose. Je sais tout faire : la cuisine, le ménage, la plonge, le service…Je peux danser ou chanter pour distraire les clients, je suis assez forte pour mettre un terme à une bagarre entre soûlards…Vous pouvez me donner n’importe quel boulot.
Le tavernier la regarda de haut en bas, les sourcils froncés. Il posa son verre et regarda Awa droit dans les yeux.
-J’ai déjà trois musiciens. Vois avec eux si tu peux danser sur leur musique. Mais ne fait rien de trop osé ! Mon établissement n’est pas un bordel. Si tu compte faire des passes, trouves toi un autre endroit. J’ai rarement des bagarres, mais si ça arrive, j’espère pouvoir compter sur toi, même si je doute qu’une femme puisse être efficace…
Awa se retint de réagir à cette dernière réflexion et fit un grand sourire au tavernier.
-Vous pouvez me faire confiance, patron !
Ils s’accordèrent sur le salaire, puis le patron lui indiqua les musiciens. Grâce à sa nature sociable, elle s’entendit de suite avec eux. Ils lui firent écouter leur musique, puis Awa trouva vite des chorégraphies adaptées. Sa grâce et sa souplesse lui firent avoir du succès : les clients affluaient, le patron était aux anges, et elle se fit appelée la Panthère Noire. Cela dura quelques semaines.