"Nephilim"

Laïla et son cercle d’amis étaient assis tranquillement dans la cour du lycée, sous un grand pin parasol. Les cours n’avaient pas encore commencés.
Laïla racontait son week-end à ses amis.

-Et finalement Seb est venu me voir, chez moi ! Il voulait que je le laisse entrer ! Il a encore des espoirs sur moi. J’ai rarement vu un mec s’acharner autant !

Ses camarades rirent de bon cœur. Ils aimaient quand Laïla racontait quelque chose, car à chaque fois, grâce à des mimiques et des gestes, elle rendait ses récits incroyablement vivants. Peu leur importait si elle disait vrai ou non.
Sarah, une jeune fille blonde aux yeux verts, amie de longue date avec Laïla, lui demanda, un sourire aux lèvres :

-Et alors, tu l’as remballé ?

-Non, pas tout de suite ! Je l’ai laissé m’embrasser d’abord ! Et après je lui ai dit : « Reviens me voir quand tu sauras faire la différence entre une langue et un moulin ! »

Tous éclatèrent de rire, tout en plaignant le pauvre Sébastien qui s’était pris un sacré râteau. En général, les garçons réfléchissaient à deux fois avant d’aborder Laïla ; soit elle acceptait leur demande et se montrait d’une douceur sans faille, soit elle les renvoyait la queue entre les jambes.
La jeune fille n’était jamais vraiment tombée amoureuse. Ses relations ne duraient jamais longtemps, mais c’est toujours elle qui y mettait fin : elle était du genre à se lasser vite. Elle se tourna vers Sarah :

-Et toi, Sarah, t’en es où de tes amours ?

A ce moment là, la cloche sonna. Le groupe se dirigea vers la salle où ils avaient philo, matière que Laïla n’aimait pas vraiment, même si elle trouvait le prof craquant.
Dans le couloir, Sarah la retint par le bras et lui murmura :

-Laïla, j’ai un truc à te dire.

La jeune blonde commença à rougir, et continua :

-Ca fait un moment…mais surtout ne le dit à personne, hein…Je…je suis amoureuse du prof de philo.

-M.Vanaheim ?! s’exclama Laïla.

Sarah écarquilla les yeux et lui fit signe de se taire.

-Merci pour la discrétion…

-Désolée, répondit Laïla en souriant. Je viens de comprendre pourquoi tu mets autant de temps à ranger tes affaires, après le cours de philo…Et tu me demandes de t’arranger le coup avec, c’est ça ?

-Non, non, pas du tout ! protesta Sarah, encore plus rouge.

-Tu sais, c’est faisable. Il est jeune et il n’est pas marié.

Laïla s’était renseigné à peu près sur tous les profs, par curiosité.
Les deux jeunes filles entrèrent dans la salle, et s’assirent. Laïla était encore tournée vers Sarah, en train de lui dire qu’elle pouvait facilement se procurer le numéro de portable de M.Vanaheim, quand ce dernier entra dans la salle. Sarah lui fit signe de se retourner : le prof la dévisageait. Laïla lui fit un grand sourire et s’installa comme il le fallait.
Soudain, une pensée frappa son esprit : c’était aujourd’hui qu’il fallait rendre les dissertations sur le sujet : Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ?
Elle avait complètement oublié ! Elle regarda dans son agenda et poussa un soupir : elle avait carrément oublié de noter ce devoir dedans. Elle poussa un soupir silencieux. Ce n’était pas son premier oubli…Cela lui vaudrait à tous les coups quelques heures de colle.
Heureusement, le prof ramassait toujours les copies à la fin de l’heure. Cela laissait une heure à Laïla pour inventer une bonne excuse !
Le cours sur le désir et la passion commença, et Laïla décrocha rapidement. Elle cessa de prendre des notes et continua un dessin au crayon à papier qu’elle avait commencé la semaine dernière. Il représentait un lac entouré de montagnes à pic. Sur le bord du lac, se tenaient deux personnes ; toutes deux étaient humanoïdes, mais pas totalement humaines. L’une était une femme aux cheveux longs et vêtus d’habits en peau ; ses oreilles étaient comme celles des chats, ses pupilles étaient extrêmement fendues, son nez était un museau de félin, et une longue queue dépassait de ses vêtements. L’autre était un homme, beaucoup plus grand que l’autre ; il portait un pantalon simple, et son torse et son dos étaient ornés d’un grand tatouage tribal.
Ce paysage et ces personnes ne provenaient pas tout à fait de l’imagination de Laïla, mais plutôt de ses rêves. Parfois, elle faisait des rêves d’une intensité étrange, de lieux et de personnes qu’elle n’avait jamais vus mais qui lui étaient familiers. Elle rêvait de plus en plus souvent de ces deux personnes, dans des lieux différents. Parfois, elle rêvait du lac avec d’autres personnes.
La jeune fille était absorbée par son dessin, et tentait de se remémorer le mieux possible de ses rêves.

La classe se mit en route au bout de quelques minutes. Le sujet d'aujourd'hui, bien qu'il ne puisse pas être uniquement débattu en 2h se trouvait être "le désir et la passion". La plupart des étudiant prirent cela du coté "amoureux" ou "sentimental", il essaya donc de leur faire comprendre que celà n'était absolument pas le cas et que ces valeurs pouvaient toucher plusieurs domaines. Ce ne fut pas chose facile mais la plupart des élèves écoutaient ses propos et participaient au débat comme par exemple Sarah Velmart, pas sa meilleure élèves mais une des plus attentive et assidue. Toute chose à sa Némésis et donc au contraire de cette dernière, Laïla Avena profitait plutôt du cours de philosophie pour terminer ses nuits. Elle était une des rare personne à ne pas être intéressée par le cours de Nathan mais il savait très bien qu'il ne pouvait pas apporter sa culture à ceux qui n'en voulait pas.

- Et donc nous pouvons dire que le désir comme la passion sont des valeurs qui transcendent les notions de bien et de mal ! Qu'en pensez-vous, Mlle Avena ?

Il s'était doucement rapprocher de cette élève, remarquant qu'au lieu de l'écouter, elle ne faisait que gribouiller, plutôt dessiner sur une feuille de papier. Il se tenait à coté d'elle, tenant simplement une craie blanche dans sa main, l'outil indispensable pour mettre ses notes sur le grand tableau. Il plongeait son regard bleu azur dans ses yeux, attendant simplement une réponse de son élève.

- Je vous sent pas très intéressée par ce cour... Dois-je en déduire que vous connaissez toutes les facettes de la philosophie au poing que mon analyse, si médiocre soit-elle ne vous intéresse pas ?

Il déplaça sa main et saisit doucement le dessin de la jeune fille pour le lever et l'agiter devant son élève.

- Est ce là votre représentation du désir et de la passion ? Je suppose que nous aurons l'occasion d'en débattre à la fin du cour et peut être même après si votre devoir, et je pense que celà est fort probable, n'est pas terminé. Vous pourrez le récupérer à ce moment là ! Nous sommes d'accord ?

Nathan plia alors délicatement la feuille de papier avant de la placer dans l'une de ses poches puis de s'éloigner lentement de son élève et de reprendre son cours. Pourtant, une sonnerie y mit fin quelques minutes après cette dernière interruption, déclenchant une vivre réaction aurpès des élèves. Nathan haussa légèrement le ton pour se faire entendre de tout les élèves malgré le bruit.

- Vous poserez tous vos devoir sur mon bureau avant de sortir ! Je compte sur la franchisse de ceux qui n'auraient pas pu, par fainéantise ou oublie, me rendre leur devoir. A ceux là, je donne rendez-vous dans cette même salle après le dernier cours pour une petite heure de rattrapage, suis-je clair pour tout le monde ?

La plupart des élèves déposèrent alors un devoir sur le bureau de Nathan avant de "s'enfuir" de la classe de philosophie. La classe se vida petit à petit et un petit tas de copie quand à lui ne faisait que grossir. En vérifiant le tas de copie, il ne fut pas surpris de trouver parmis les deux copies manquantes celle de Laïla Avena mais alors qu'il en avait vanté les mérites, contre toutes attenante, il ne trouva pas non plus celle de Sarah Velmart...

Laïla attendit patiemment la fin du cours. L’intervention du prof ne l’avait pas démontée, loin de là. Elle espérait juste pouvoir récupérer son dessin. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle tenait à ce dessin, même s’il n’était pas d’une qualité exceptionnelle. Elle sentait que ses rêves étaient importants, et qu’elle devait tout faire pour ne pas les oublier.
La cloche sonna, tous les élèves se précipitèrent vers le bureau puis la sortie. Laïla resta assise, rangeant tranquillement ses affaires, puisqu’elle avait été convoquée par le prof. Sarah aussi s’attarda. Celle-ci sortit, mais à la grande surprise de Laïla, elle ne posa pas de copie sur le bureau. Elle sourit intérieurement : Sarah voulait sûrement éviter que Laïla se retrouve seule avec M.Vanaheim pour le cours de rattrapage…
D’ailleurs, cette heure de colle déguisée l’irritait. Elle n’aimait pas rentrer chez elle tard, car normalement elle aidait sa mère à préparer à manger.
Quand la salle de classe fut vide, elle se leva, son sac sur le dos, et s’approcha du bureau du prof. Elle dit avec un sourire poli :

-Puis-je récupérer mon dessin, M.Vanaheim ?

Ce dernier était justement en train d’étudier le dessin, déplié sur son bureau. Le cœur de Laïla se mit à battre un peu plus fort : elle venait de réaliser que le visage de l’homme torse nu avait quelques similitudes avec celui de l’homme qui se tenait devant elle…
A cet instant, elle aurait eu envie de s’enfuir en courant. Elle savait qu’elle était assez rapide pour saisir le dessin et s’enfuir, mais de toute façon, il était trop tard. Elle attendit donc que son prof lève la tête vers elle.

Laïla sortit de la classe devant son prof. Elle ne pouvait retenir les battements effrénés de son cœur. M.Vanaheim avait gardé son dessin. Il avait sûrement remarqué la ressemblance entre lui et l’homme aux tatouages. Qu’allait-il en conclure ? Qu’allait-il faire ? La tentation avait été grande, quand il avait mis le dessin dans sa poche, de le lui reprendre furtivement. Mais pour une fois, elle ne fit rien, et choisit d’attendre le soir.
C’était presque la fin de la récréation quand elle rejoignit ses amis. Sarah lui demanda, tentant d’avoir l’air de rien :

-Alors, il t’a dit quoi, le prof ?

-Il m’a juste rappelé de lui rendre le devoir ce soir et que nous devons aller toutes les deux aux rattrapages.

Lucie, une de leurs amies, se tourna vers Sarah et lui demanda :

-D’ailleurs, pourquoi tu ne lui a pas rendu la dissert ? Je croyais que tu l’avais finie !

Sarah rougit et répliqua sèchement :

-Bin non, ce week-end j’ai pas eu le temps, c’est tout.

Lucie haussa un sourcil face à l’attitude de son amie, puis se détourna. La cloche sonna la fin de la récréation. Laïla eut juste le temps d’appeler sa mère pour lui dire qu’elle rentrerait tard le soir. Cependant, elle lui dit que toute sa classe devait assister au cours de rattrapage.
La fin des cours arriva très vite. Laïla et Sarah étaient arrivées un peu avant le prof. A la grande surprise des autres, Laïla n’avait quasiment pas parlé de la journée. Elle était trop inquiète de ce qui allait se passer le soir. Elle espérait que M.Vanaheim aurait la présence d’esprit de ne rien dire à propos du dessin devant Sarah. Celle-ci risquait de croire qu’elle avait une rivale, ce qui n’était absolument pas le cas.
Tout trois s’installèrent dans la salle, presque sans un mot. Il régnait une tension énorme dans la pièce. Laïla savait pourquoi elle et Sarah l’étaient, mais elle sentit également que le prof l’était. C’était sûrement à cause du dessin…
Elle se pencha prestement sur le brouillon qu’elle avait commencé pendant les autres cours de la journée. Elle casa quelques références à Platon et Hegel, mais elle se doutait que le résultat ne dépasserait pas la copie double. Sarah, elle, se contentait de recopier le brouillon qu’elle avait fait il y a longtemps.
Laïla attendait désespérément que l’heure passe.

Laïla saisit le dessin. Elle écarquilla les yeux quand M.Vanaheim prononça les quelques mots. Sur le coup, elle se dit : « C’est tout ? ». Elle s’attendait à ce qu’il lui pose des questions, qu’il la sermonne…
Mais que voulais dire cet avertissement ? Etait-ce une menace ? Mais il n’avait pas l’air menaçant. Il affichait son air neutre de d’habitude. Cependant, Laïla savait naturellement percevoir les émotions mieux que la plupart des gens. Elle sentit une tension étrange chez son prof. Ca ressemblait à de l’inquiétude, et pas à une menace.
Les doigts de Laïla se crispèrent sur le dessin qu’il venait de lâcher. Pourquoi s’inquiétait-il pour elle ? Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais finalement elle se tut. Elle murmura brièvement un au revoir, puis sortit en mettant le dessin dans la poche de son short en jean.
Elle ne fit pas attention à l’homme de ménage, qui leva les yeux pour la regarder passer. Elle ne remarqua pas non plus qu’il sortit rapidement son téléphone portable pour envoyer un sms…
Sarah marchait loin devant elle, au bout du couloir. Laïla, saisie d’une brusque inspiration, courut vers elle :

-Sarah ! Attend moi !

Son amie se retourna et sourit. Elles continuèrent à marcher côte à côte. Sarah demanda :

-Alors, tu as réussi à faire quelque chose de ta dissert ?

-Quelque chose oui, mais quelque chose de bien, non…Mais je pensais, ça te dit de dormir chez moi ce soir ?

-Euh oui, pourquoi pas, mais…

-T’inquiète pas, mes parents t’adorent, ils seront ravis ! Alors on passe vite fait chez toi pour prendre tes affaires et…Oh et puis non, je te prêterai les miennes, on fait la même taille !

Sarah commença à protester, mais face à l’enthousiasme un peu suspect de son amie, elle céda et appela rapidement ses parents.
Si Laïla avait proposé ça à Sarah, c’était surtout parce que l’avertissement de M.Vanaheim la plongeait dans une inquiétude qu’elle n’avait jamais ressentie jusqu’à lors. La présence de Sarah la rassurait, elle ne serait pas seule à marcher dans les rues, de nuit.
La nuit tombait. Il y avait 20 minutes de marche entre le lycée et la maison de Laïla. Les deux filles marchaient en discutant tranquillement. Cependant, Laïla était aux aguets, elle tentait de discerner le moindre bruit environnant, le moindre mouvement dans l’obscurité.
Elles marchaient dans une petite rue, au milieu de laquelle trônait un unique réverbère. Au moment où elles passaient dessous, il s’éteignit.
Elles sursautèrent et se rapprochèrent instinctivement l’une de l’autre. Elles s’immobilisèrent. Laïla attendit que ses yeux s’accoutument à l’obscurité. Son cœur battait à tout rompre. Ce bruit l’assourdissait. Sarah lui serra le bras et se colla contre elle, tremblant en silence.
Un mouvement les fit sursauter. Une silhouette d’homme se dirigeait vers elles. Laïla prit la main de Sarah et toute deux se mirent à courir. L’homme fit de même, mais plus doucement, comme s’il ne cherchait pas à les rattraper.
Deux autres hommes surgirent devant elles, les forçant à s’arrêter net pour ne pas leur rentrer dedans. La rue était étroite, elles étaient encerclées, sans aucune échappatoire.
Laïla réagit instantanément : dans un mouvement aussi rapide que silencieux, elle décocha un coup de pied dans le visage d’un des hommes. Ce dernier s’écroula dans un grognement de douleur ; sa mâchoire était totalement déboitée. Le deuxième commença à fouiller dans sa poche, mais Laïla lui saisit le bras, et passa dans son dos. L’homme gémit, commença à se mettre à genoux. Laïla allait lui déboiter l’épaule d’un coup sec, quand la voix du troisième homme lui fit relever la tête :

-Regarde un peu par là.

Il tenait Sarah contre lui, lui plaquant une main sur la bouche, et un revolver sur la tempe. Il dit d’une voix calme :

-Lâche mon collègue.

Sarah regardait son amie, les yeux pleins de larmes. Laïla resta immobile un instant, puis elle desserra doucement son emprise sur l’homme. Lorsqu’elle le lâcha complètement, il s’écroula par terre en un petit gémissement de douleur. Laïla s’écarta de lui, les yeux rivé sur Sarah.

Laïla resta immobile de surprise lorsque son professeur de philosophie débarqua. Elle poussa un cri lorsque leur agresseur vida son chargeur sur lui. Mais un écran avait stoppé les balles, comme par magie. La jeune fille n’eut même pas le temps de réagir que des chaînes avaient jaillies de nulle part et enserrées les trois hommes.
Cela déséquilibra Sarah, qui tomba à genoux. Laïla se précipita vers elle, la fit se relever et s’éloigner légèrement du lieu de l’action. Puis des étranges serpents envahirent les trois hommes, qui retombèrent, inconscients. Les chaînes disparurent.
Sarah pleurait sans bruit, accrochée à Laïla. Elle murmura :

-Est-ce qu’ils sont…

-Non, répondit tout bas Laïla. Ils sont juste endormis.

Pourtant, la jeune fille n’avait aucun moyen de le savoir. Mais toutes ses choses surnaturelles, bien qu’effrayantes, lui semblaient étrangement familières, même si elle savait qu’elle-même ne les maîtriserait jamais.
Elle regarda M.Vanaheim, qui était toujours debout, leur tournant le dos. Cet homme avait donc des pouvoirs immenses…Et il savait que la jeune fille courait un danger, ce soir là. Mais qui étaient ces hommes ? Pourquoi lui en voulaient-ils, à elle ? L’un d’eux avait dit à M.Vanaheim « Toi aussi tu en es un ! ». Mais un quoi ? Laïla n’avait aucun pouvoir, contrairement à lui ! Qu’avaient-ils en commun ?
Elle sentit Sarah qui pleurait contre son épaule. Elle s’en voulut horriblement de lui avoir fait courir un tel risque. Elle la prit dans ses bras, et ne put s’empêcher de pleurer doucement elle aussi.

-Je te demande pardon…murmura t’elle.

Elle sentit plus qu’elle ne vit le prof s’approcher d’elles. Elle leva la tête vers lui, et sécha impitoyablement ses larmes. Elle dit, en empêchant sa voix de trembler :

-Qui êtes-vous ? Et eux, c’était qui ?

Son menton trembla une dernière fois, puis elle reprit le contrôle d’elle-même.

Quand M.Vanaheim endormit Sarah comme il l’avait fait avec les hommes, son cœur se serra. Dire que son amie ne se souviendrait même pas que son héros lui avait sauvé la vie et l’avait prise dans ses bras…
Laïla était contrariée que son professeur ne lui réponde pas. Mais elle devait bien reconnaître que ses arguments étaient valables. En plus, la confrontation l’avait plongée dans un étrange état de fatigue et de lassitude. Il serait plus raisonnable d’attendre le lendemain, comme le disait son professeur.
Le trajet jusqu’à la maison de Laïla se déroula en silence. Une fois arrivé là-bas, tout se déroula très vite, comme dans un rêve. La mère de Laïla ouvrit la porte et serra sa fille dans ses bras, lui demandant pourquoi elle avait tant tardé. Puis elle poussa un cri d’inquiétude en voyant Sarah inconsciente dans les bras du prof.
Nathan et Laïla bricolèrent de concert une histoire de malaise. Ils se jetèrent un regard complice. Laïla failli lui faire un clin d’œil, mais se contenta de faire un petit sourire. Le père de Laïla prit Sarah des bras du prof et l’emmena à l’intérieur. La mère remercia chaleureusement Nathan de les avoir aidées et raccompagnées.
Finalement, tous deux se retrouvèrent seuls sur le perron de la maison. Laïla le regarda de ses pupilles fendues et dit simplement :

-Merci.

Elle allait rentrer dans sa maison, quand elle se retourna et regarda à nouveau celui qui l’avait sauvée.

-M.Vanaheim…Je crois que vous savez, mais…Sarah…elle est amoureuse de vous. Mais ce n’est pas un amour de collégienne. Elle vous aime vraiment.

Elle se tourna et entra dans sa maison, sans attendre la réaction de l’homme.
Elle ne dormit pas de la nuit. Le lendemain, Sarah se réveilla dans une forme étonnante. Elle lui dit qu’elle avait rêvé de M.Vanaheim…
Quand Laïla arriva au lycée, elle avait un nœud au ventre. Elle ressentait de l’appréhension et de l’impatience en pensant à sa future entrevue avec le prof de philo.

La soirée fut plutôt courte pour Nathan car il n'avait pas trainé après avoir raccompagné les filles chez Laïla. Il était revenu au lycée pour récuperer sa voiture et rentrer directement chez lui, en évitant bien ententu le quartier où avez eu lieu l'affrontement. Il se retrouva finalement seul dans son appartement où il n'avait allumé qu'une petite lampe pour conserver un maximum d'obscurité. Il ne se sentait pas de s'exposer d'avantage ce soir et il avait eu son compte d'émotion même s'il ne le montrait pas. Un rapide repas et un peu de lecture avant de passer une bonne nuit de sommeil.

Lorsqu'il se leva le lendemain, il avait dans le bouche le gout d'une victoire amer car mis à part le fameux numéro de téléphone, il n'avait pas appris grand chose. Simplement qu'une de ses élèves avait tout comme lui un "don" particulier et qu'a présent, elle devra être très prudente. Même si la mémoire de ses hommes avaient été modifiés, il fallait s'attendre à avoir des surprise de la part de se groupe qui chercher les gens comme "eux".
Ce jour là, il mit son costume noir avec sa cravate bleu foncée, un peu comme si il était en deuil de quelque chose. En s'habillant, il avait contemplé son taouage dans le mirroir et comme tout les matin, il se demandait quelle pouvait être a signification.

En arrivant au lycée, il savait qu'il allait devoir des explications à l'une de ses élèves... et pas n'importe laquelle. Réajustant ses lunettes il entra dans le lycée, essayant de la repérer dans les couloirs. Au hasard d'un couloir, son regard croisa dans la foule celui de Laïla et celui s'en approcha, tenant dans sa mains son devoir de philosophie ainsi que celui de Sarah, elle aussi présente ainsi que d'autres élèves de sa classe.Sarah adressa son éternel sourire rayonnant au professeur alors que Laïla affichait une mine plus inquiètes.

- Mlle Avena... Mlle Velmart... Vos devoirs !

Il tendit les copies au deux jeunes filles.

-Mlle Velmart, je n'ai rien à dire sur la pertinance de votre arguemntation. Quand à vous, Mlle Avena, vous devriez faire plus atention à lorsque vous citez... Platon !

Il leur adressa un regard à toutes les deux, espérant que Laïla ferait attention au message qu'il avait laissé sur sa copie, juste à coté du passer traintant de la philosophie de Platon : RDV 17h, Toit bâtiment B.

Lorsque M.Vanaheim, lui tendit sa copie et lui fit un commentaire, Laïla croisa son regard et comprit immédiatement où il voulait en venir. Elle lui fit un léger hochement de tête pour lui faire comprendre qu’elle avait compris.
Elle fourra rapidement sa copie dans son sac, sans même regarder sa note, pour éviter toute question de ses amis. Sarah lui demanda :

-Tu ne regarde même pas combien tu as ?

-Je suppose que j’ai encore entre 5 et 7, alors à quoi bon ? répondit-elle en souriant.

Sarah sourit. Laïla avait souvent ce genre de comportement nonchalant et jemenfoutiste qui faisait son charme. Mais ceux qui la connaissait vraiment savait qu’elle n’était pas vraiment comme ça, et ne l’en aimait que plus.
La cloche sonna et tous les lycéens rentrèrent en cours. Laïla s’installa à sa table et jeta un coup d’œil discret à sa copie de philo. A sa grande surprise, elle n’avait pas 5, mais 10/20. C’était la première fois qu’elle atteignait la moyenne dans cette matière…
Elle parcourut brièvement le devoir et trouva enfin ce qu’elle cherchait : au milieu d’un commentaire du prof sur Platon, était écrit « RDV 17h, Toit bâtiment B ». Elle allait devoir sécher le cours de maths…
Dans la journée, elle fit de son mieux pour avoir l’air normale et aussi enjoué que d’habitude. Cependant, elle sentait elle-même que ses rires et ses plaisanteries sonnaient creux. Entre deux cours, dans le couloir, Sébastien vint la voir.

-Ca va, Laïla ? Tu n’as pas l’air bien, depuis ce matin…

La jeune fille, qui n’était pas loin de ses amies, rétorqua avec un sourire ironique :

-Tu dis ça juste parce que t’as espoir de me prendre dans tes bras pour me consoler ! C’est gentil de ta part mais ça ne marche pas avec moi.

Les gens autour d’eux se mirent à rire.
Enfin, 17h arriva. Elle faussa compagnie à ses amis puis se dirigea vers le bâtiment B. En montant l’escalier, elle faillit être prise d’un fou rire. Elle était sur le point de réaliser le fantasme de nombreuses jeunes filles du lycée : un rendez-vous en tête à tête avec M.Vanaheim ! Elle ne put retenir quelques gloussements, malgré le sérieux de l’entrevue à laquelle allait assister. Mais cela lui fit du bien, elle se sentait un peu plus légère.
Elle gravit presque en courant les dernières marches qui la séparaient du toit. Elle déboucha sur la terrassa qui surplombait le lycée. M.Vanaheim était accoudé à la rambarde. Elle s’approcha de lui de son pas silencieux.

Nathan attendait patiemment son élève sur le toit depuis bientôt 20mn. Selon lui, il pensait qu'il devait plutôt être en avance qu'en retard. Il profitait du temps qui lui restait avant la confontration avec son élève pour méditer sur un petit discourt mais il avait tellement de choses à dire qu'il ne savait pas trop où commencer. Son regard se perdait au loin, tout comme son esprit alors que ce dernier était traversé par de nombreuses pensées. Il retira délicatement ses lunettes avant de se retourner vers la porte et son élève était déja présente. Elle s'était glissée félinement sur le toit, démontrant ainsi qu'elle n'était pas comme toutes les autres filles de son âge. Sans ses lunettes, le regard du professeur était encore plus intense que d'habitude et son visage semblait un peu moins tendu, plus jeune aussi.

- Mlle Avena... je vois que vous et votre camarade vous portez bien !

Il sortit un mouchoir de sa poche pour nettoyer ses verres de lunettes avant de les vérifier à la lumière et de les enfiler. Il rangea aussi avec précaution son mouchoir dans sa poche avant de s'éclaircir la voix et de s'adresser à son élève.

- Bien... Je suppose que vous avez de nombreuses questions : Qui êtes vous réellement ? Comment ai-je pu réaliser toutes ces choses ? Qui étaient les hommes qui vous ont attaqués et pourquoi ? A celà, je n'ai pas toutes les réponses.

Il approcha de son élève, puis se mit à marcher autour de celle-ci en la regardant avec insistance, revenant finalement à sa position initiale.

- Et bien Mlle Avena, j'ai depuis tout petit la capacité de créer ou de modifier certaines choses. Je ne sais pas d'où me vient ce pouvoir, pas de ma famille en tout cas je peux vous l'assurer. Je n'ai qu'a le visualiser dans mon esprit et l'objet auquel je pense apparait. Ca... et d'autres choses encore.

Le professeur fit une petite pause dans sa naration avant de la reprendre.

- Quand à vous. Et bien disons que vos capacités, même si elles sont très différentes des miennes, sont tout aussi intéressantes et atirent donc l'attention et certaines convoitises. Enfin, ce n'est qu'une théorie mais vos yeux ne mentent pas.

Il s'approcha de son élève, lui attrapa doucement le menton pour lui faire soulever la tête et observer ses pupilles fendues. Il souleva aussi la chevelure de Laïla pour apercevoir que ses oreilles se terminaient légèrement en pointe. Sous le coup de la surprise, la jeune fille se recula en observant bizarremnt le professeur qui réajusta alors ses lunettes pour s'éloigner d'un pas et glisser ses bras dans son dos.

- Mes excuses pour tout ceci mais il fallait que je sois sur. En effet, vous avez des traits intéressents... et il se trouve qu'une personne dans mes connaissances possède exactement les mêmes. A vrai dire... plusieurs de mes connaissances ont des traits ou des capacités assez particulières. Nous sommes conscient de notre différences mais nous ne pouvons ni l'expliquer, ni lui donner de sens.

Nathan soupira avant de jeter un oeil sur son élève, conscient de la quantité d'information plus qu'étrange à digérer. Mais elle devait en savoir un maximum pour pouvoir e préparer au pire.

- Par contre, je ne peux pas encore vous idre qui étaient ces hommes exactement. Je suspecte une organisation liée ou proche du gouvernement ou de l'église. Oui, nous sommes humain et pourtant nous avons en quelques sortes des pouvoirs et des traits "divins". Je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde... Imaginez ce qui pourrez arriver si nous faisions mauvais usage de ce pouvoir. Pour ces gens qui nous cherchent, vous l'avez sans doute entendu... Nous sommes des démons. Mais nous autres nous préférons l'appelation "Néphilim"... que l'on trouve dans certains texte religieux. Comme dans le chapitre 6 de la Génèse :



- Certains d'entre nous sont mort pour nous avoir transmis ce message. Enfin... Nous les supposons morts car ils n'ont plus donné de nouvelle depuis et semblent avoir disparu. Mais malgré celà, celà provient juste d'un morceau de papier... et notre histoire nous a montré qu'il ne faut pas s'y fier.

Finalement il fit face à son élève.

- J'espère avoir répondu à vos question... Mlle Avena !

Laïla avait été surprise lorsque son professeur l’avait touché. Ce contact l’avait troublée. Ce n’était pas parce qu’elle éprouvait de l’attirance pour Nathan. Ce toucher lui avait laissé une impression de « déjà-vu », mais surtout de familiarité avec cet homme, comme si elle l’avait toujours connu de manière familière ou intime.
Lorsqu’il eu fini de s’expliquer, il y eu un long silence, le temps de laisser Laïla digérer tout ce qu’elle venait d’apprendre. Elle n’était donc pas vraiment humaine…Elle était un démon, d’après ceux qui les traquaient. Cette révélation lui laissa comme un creux dans la poitrine, elle eut du mal à respirer normalement. Elle n’était pas humaine. Pas normale. Depuis son enfance, on lui avait souvent fait remarquer ses yeux étranges. Mais pour elle, ce n’était qu’une malformation de naissance. Grâce à ses cours de karaté, elle en était même venue à apprécier cette différence qui la faisait ressembler à un félin. Elle aimait cette comparaison. Mais là…le fait d’apprendre qu’elle était véritablement différente de tous les autres élèves du lycée, de la ville, du pays, lui causait un choc terrible. De plus elle serait traquée, probablement jusqu’à sa mort.
Elle vacilla. Elle s’accrocha au bras de Nathan, qui était la seule chose à sa portée. Sans le regarder, elle murmura :

-Je suis un monstre. Nous sommes des monstres, tous les deux.

Elle lâcha le bras de Nathan et s’assit doucement là où elle se trouvait. Un étrange désespoir l’envahissait. Sa vie ne serait plus jamais la même.
Mais à ce moment là, un souvenir remonta à sa mémoire, qui remontait à ses onze ans. Des enfants s’étaient encore moqués de ses pupilles fendues et de ses oreilles pointues, l’avait traité de « monstre-chat ». Elle était entrée dans une colère terrible, et avait violemment frappé l’un d’entre eux, le seul qu’elle avait pu attraper. Plus tard, elle était en pleurs dans les bras de sa mère. Celle-ci lui avait dit : « Ce n’est pas parce que tu es différentes des autres que tu es un monstre, Laïla. Tu dois faire avec ta différence, et en tirer parti pour clouer le bec à ces idiots qui ne comprennent rien ! ». Quelques temps plus tard, Laïla avait commencé le karaté. L’une des élèves ne cessait de l’appeler la « fille-chat » d’un air méprisant et moqueur. Laïla n’avait jamais réussi à gagner un combat contre elle. Un jour, son professeur lui avait dit : « Quand tu te bats contre elle, tu laisse la colère t’emporter, tu fais n’importe quoi, on a l’impression que tu perds ta souplesse et rapidité. Si tu veux la battre, il faut que tu deviennes une fille-chat. » Au début, ces paroles avaient laissés Laïla perplexe. Mais finalement, elle comprit : ses atouts étaient sa souplesse, son agilité, sa rapidité et sa furtivité. Pendant ses entraînements, elle faisait désormais son possible pour développer ces atouts. En peu de temps, elle finit par se déplacer et se battre réellement comme un félin. Et bien sûr, elle réussissait sans peine à battre celle qui se moquait d’elle.
Ces souvenirs laissèrent Laïla sans voix. Mais finalement, elle éclata d’un fou rire incontrôlable. Elle avait enfin découvert sa vraie nature, et elle ne devait pas la renier. De plus, ses talents faisaient d’elle un être surhumain, supérieur, et pas un monstre !
Son fou rire se calma, et elle leva les yeux vers son professeur, qui la regardait d’un air bizarre. Elle lui dit avec un sourire :

-Je crois que vous avez quasiment répondu à mes questions, M.Vanaheim. Merci.

Elle scruta le visage de son professeur. Sans ses lunettes, il paraissait beaucoup plus jeune et détendu. Heureusement que les autres filles ne l’avaient pas vu ainsi, sinon leur passion pour ce prof doublerait d’intensité !
Laïla interrompit sa contemplation et se leva agilement. Mais le regard de la jeune fille s’assombrit.

-Mais nous sommes toujours en danger, n’est-ce pas ? En plus vous avez neutralisé trois de leurs membres…Qui qu’ils soient, ils ne vont pas apprécier. Peut-être qu’ils ne se souviennent pas de nos identités, mais nous sommes les deux seuls Néphilim du lycée, non ? Ils ne vont pas tarder à nous retrouver.

Elle leva à nouveau les yeux sur son professeur, attendant une réponse à ses inquiétudes.

Laïla regarda son professeur s’engouffrer dans les escaliers. Elle savait que ce soir, il s’occupait du club de natation, et il devait surement être à l’heure. Elle regarda le numéro qu’il lui avait donné et le répéta plusieurs fois dans sa tête pour le mémoriser. Elle glissa le papier dans son soutien-gorge pour plus de sûreté.
Elle descendit les escaliers à son tour, mais plus lentement que tout à l’heure. Elle pensait encore à tout ce qu’elle venait d’apprendre. La perspective de se faire traquer ne l’emplissait pas seulement d’inquiétude, mais d’un vague sentiment de colère et d’impuissance. Pourquoi des êtres comme elle et Nathan devaient se cacher et fuir ? Nathan avait parlé d’autres personnes comme eux, d’autres Néphilim, ici même, en ville. Pourquoi, au lieu de se terrer chacun dans son coin, n’unissaient-ils pas leurs forces ? Il serait ainsi plus facile de résister à ces organisations christiques ! Et puis peut-être qu’ils pourraient rentrer en contact avec d’autres Néphilims !
Le cœur de Laïla battait à tout rompre. Cette solution était sûrement meilleure que celle adoptée par les contacts de Nathan. Elle devait absolument entrer en contact elle aussi avec ces Néphilims.
A cette idée, elle dévala les escaliers. Mais arrivée en bas, une pensée l’arrêta : cette solution était si évidente…Pourquoi les Néphilims ne l’avait pas encore mise en pratique ? Elle poussa un juron à voix basse : en fait, elle ne disposait pas de tous les éléments. Il était donc impératif qu’elle rencontre les « amis » de M.Vanaheim.
Elle sortit dans la cour. Le lycée était maintenant presque vide, ils ne restaient que ceux qui faisaient partis de club et le personnel. Elle se dirigeait vers la sortie et passa à coté du pin parasol où elle et ses amis passaient leurs récréations.
Laïla aimait beaucoup cet arbre, même si elle ne savait pas vraiment pourquoi. Il lui semblait qu’il dégageait une atmosphère calme et conviviale, mais ce n’était qu’une impression.
Lorsqu’elle passa à coté, un brusque sentiment d’urgence l’envahit. Elle s’arrêta net : elle n’avait aucune raison d’être prise ainsi d’angoisse…Elle se tourna lentement vers le pin. Au fond d’elle, elle comprit que cette angoisse provenait de l’arbre. Mais comment étais-ce possible ? Un arbre n’a pas d’émotion ! Elle s’en approcha et posa sa paume sur l’écorce. Cet étrange sentiment l’envahit de manière plus intense. Laïla ne pouvait plus en douter : c’était bien l’arbre qui lui communiquait son inquiétude. Mais son inquiétude de quoi ?
La jeune fille regarda autour d’elle. La cour était vide. Mais si l’arbre avait peur de quelque chose, c’était forcément dans l’enceinte du lycée. A ce moment là, une toute petite branche du pin tomba devant elle. Laïla baissa les yeux, puis les releva : la branche était pointée vers le complexe sportif. Là dedans, il y avait la piscine. Il y avait aussi Nathan Vanaheim.
Laïla ne savait pas vraiment que penser. L’arbre tentait vraiment de lui faire comprendre que son professeur courait un danger ? Ou étaient-ce des hallucinations paranoïaques de sa part ? Elle soupira. Nathan lui avait dit d’être attentive à tout ce qui l’entourait. Elle se dirigea donc en courant vers la piscine. Si c’était une fausse alerte, elle aurait seulement l’air ridicule.
Laïla contourna le gymnase et entra dans le grand bâtiment qui abritait la piscine, les différents vestiaires, des bureaux, et des salles qui servaient à entreposer du matériel. Elle enleva ses chaussures et ses chaussettes, comme l’exigeait la règle. Elle entendit des voix en provenance des vestiaires : les élèves du club étaient en train de se changer. Elle passa devant sans soucie de discrétion : il n’était pas rare que certains élèves entrent dans le bâtiment pour observer les nageurs, du moment qu’ils ne perturbent pas le cours. Elle se dirigea vers les bureaux, mais ils étaient vides. Elle entra donc dans l’immense pièce qui abritait la piscine et les gradins. M.Vanaheim était déjà là, seul, au bord de la piscine, attendant ses élèves. Il eut l’air surpris en la voyant arriver.
Mais elle se plaça prêt de lui et parla avant qu’il ne puisse dire un mot :

-J’ai un mauvais pressentiment. Nous ne sommes pas en sécurité ici. Je vous expliquerez une autre fois pourquoi j’ai des soupçons. Il faut que nous partions au plus vite.

A ce moment là, des voix retentirent dans le couloir. Laïla lança un regard au prof, puis courut s’installer dans les gradins avant que les élèves n’arrivent. Une dizaine d’élève en maillot déboula dans la piscine. Quatre jeunes filles rejoignirent Laïla dans les gradins ; cette dernière reconnut des fans inconditionnées du professeur Vanaheim.
Le cours commença. Laïla observait tout ce qui se passait, que ce soit dans la piscine ou aux alentours. Au bout de quelques minutes, un garçon aux cheveux bruns, qui était en terminale, poussa un cri de douleur, une main sur son pied. Il était déjà près du bord, et Nathan se pencha vers lui. De loin, Laïla crut comprendre qu’il s’était fait une coupure au pied. Lorsqu’il sortit de l’eau, des gouttes de sang se mêlèrent aux gouttes d’eau. Nathan aida l’élève à marcher en direction d’un bureau où se trouvait une petite pharmacie. Les autres élèves discutèrent un moment entre eux, inquiets, puis reprirent d’eux-mêmes leur entraînement.
Nathan et l’élève étaient partis depuis à peine quelques minutes, mais Laïla se sentit soudain mal à l’aise. Brusquement, elle comprit. Soit ce l’élève blessé était directement l’un des leurs, soit il leur avait apporté leur aide inconsciemment.
Elle quitta discrètement les gradins sans que personne ne la voit, puis se dirigea en courant vers la petite infirmerie, en espérant qu’il ne serait pas trop tard.

Même s'il l'avait quitté depuis quelque minutes seulement, Nathan se faisait un peu de soucis pour son élève mais dans un sens, il avait confiance en elle. Il se trouvait alors au bord de la piscine, dans un accoutrement différent de celui qu'il portait en cours : Un bernuda Noir et un t-shirt à manche longue, recouvrant l'intégralité de ses bras et ses jambes jusqu'au genou, ne laissant pas apparant son tatouage. Fixant la surface de l'eau, il se retourna vers les vestiaire pour apercevoir Laïla se diriger vers lui, que pouvait elle bien lui vouloir aussi vite. Elle lui disait avoir peur, ne pas être tranquille. Peut être que son petit speech sur le toit l'avait un peu trop impressionnée mais par les temps qui cours, mieux valait être prudent.

Cependant, alors que la jeune fille alla s'asseoir dans les gradins et que le professeur était plongé dans ses réflexions. L'un de ses élèves, poussa un cri alors qu'il se trouvait à l'eau. Se rapprochant du bord, le professeur demanda rapidement à ce qu'il soit remonté. La blessure de celui-ci ne semblait pas trop grave et ce dernier pouvait facilement l'aider à transporter cet élève à l'infirmerie. Les autres n'avaient pas à interrompre leur entrainement... c'est ce qu'il annonça au petit groupe autour d'eux. Il aida le jeune homme à se relever et ce dernier se laissa conduire tranquillement à l'infirmerie. Le professeur le fit s'asseoir sur un des lits pour examiner la blessure de plus près. Nathan n'était pas médecin mais il avait quelques connaissance, de par le fait de son éducation et de divers évènements de son existance, que ce n'était pas une coupure que l'on se faisait habituellement dans une piscine. La blessure était nette, la peau autour ne semblait pas avoir été arrachée. Le professeur tourna le dos à l'élève assis sur le lit, trifouillant dans l'armoire à pharmacie.

- Dit moi ! Comment t'es tu fais celà ?

-Je ne sais pas monsieur ! J'ai du me couper tout simplement !

- Dans une piscine ? Et avec quoi je te pris ?

- Une lame de rasoir...

- Et pourquoi aurais tu fais ça si ce n'est...

Le professeur se tourna lentement vers l'élève et constata qu'il n'était plus seul.

- ... Pour que nous soyons seuls avec vous !

Aux cotés du jeune homme se trouver un grand type plutôt bien battit, dans les 1m85 voir 1m90. Ses cheveux était noirs, mi-longs et coiffés vers l'arrière. Ses yeux étaient dissimulés derrière une paire de lunette de soleil, le reste de son visage affiché un air plutôt souriant et excité à la fois. Il portait un long manteau noir, un pantalon noir, des chaussures et des gars assortis. Nathan les fixait d'un regard méfiant mais son expressions ne laissait rien transparaitre.

- Monsieur Vanaheim je suppose !

Le jeune homme se releva et se mit un peu en retrait à coté de cet étrange personne. Ils échangèrent tout les trois un grand silence avant que le nouvel arrivant prennes la parole.

- Il n'a pas été facile de vous retrouver. Celà faisait un moment que nous essayons de vous... "rencontrer".

- Puis-je savoir à qui je m'adresse !

- Mon nom ne vous dirait rien. Mais sachez que je m'intéresse de très près aux personnes comme vous !

- Si la philosophie vous intéresse tant, je serais ravi de vous conseiller quelques ouvrages...

- Malheureusement Mr Vanaheim... nous autres "Paladins" avont très peu le sens de l'humour !

- "Paladins" ?!

- Oui... chasser le mal et tout ce qui va avec !

- Et depuis combien de temps votre petit jeu dure t'il ?

- Bien sur, celà fait un an que nous sommes sur la piste de personnes qui ont vos aptitudes. Nous en avons trouvé plusieurs et avions eu quelques informations qui indiquerait la présence de créatures telle que vous dans cette école.

- Mmh, je vois. Et quelle a été ma faute !

- Votre compassion pour vos senblables Mr Vanaheim ! Si vous n'étiez pas intervenu, vous auriez pu vivre encore quelques années tranquille mais tout ces évènements montraient que la jeune fille n'était pas sa seule abomination cachées ici n'est ce pas ! Nous avons donc renforcé notre surveillance sur les lieux...

- Je n'ai pas assez pris de précaution en effet !

- Quoi qu'il en soit, vous n'avez que deux options : nous suivre pour interrogatoire ou mourir ! Le choix est simple non ?

Le type en manteau noir, le "Paladin" sortit de sa veste un pistolet de type Taser. Ce genre de pistolet était capable d'infliger des décharge de 50.000 Volts... pas très agréable donc. Ce dernier affichait un air plutôt confiant tout comme son "disciple" derrière lui. Nathan s'en voulait un peu car en essayant d'avoir des informations supplémentaire, il s'était fait piégé bêtement. Son agresseur ne le laisserait probablement pas le temps d'utiliser son "don" et il ferait feu à la première occasion...

Laïla s’approcha silencieusement de la porte de l’infirmerie, qui était un tout petit peu entrouverte. Elle entendit la voix de M.Vanaheim, puis une autre voix, qu’elle ne connaissait pas, et qui ne pouvait pas appartenir à l’élève blessé. Elle frémit en entendant le mot « abomination ». Cet homme le disait avec un dégoût à peine masqué. Cette appellation fit bouillir le sang de la jeune fille. Sans même le voir, elle savait que cet homme était une ordure ! Soudain, elle entendit l’ultimatum soumis à Nathan. Elle jeta un coup d’œil prudent dans l’entrebâillement de la porte. Elle se figea : elle voyait une main gantée de noir pointant un revolver sur son professeur. Elle se souvint de la méthode apprise au karaté pour neutraliser les hommes.
En un éclair, elle passa à l’action. Elle ouvrit la porte, se retrouva immédiatement à côté de l’homme en noir, lui saisit le poignet tenant le revolver, mis son autre main sur le coude de l’homme. Elle tira le poignet vers elle, tout en appuyant sur le coude. Le bras se tordit, l’homme poussa un cri de surprise et de douleur, et le revolver tomba par terre. Laïla envoya son genou dans le ventre de l’homme, qui suffoqua et tomba à genoux. Elle lui dit d’un ton haineux :

-C’est vous l’abomination !

Mais l’élève complice tentait déjà de se jeter sur le pistolet. La jeune fille donna un violent coup de pied à l’arme, qui envoya bouler dans une armoire. Elle donna au garçon un coup du tranchant de la main sur la nuque, juste assez fort pour l’assommer. Mais l’homme en noir, qui s’était relevé, lui décocha un violent coup de poing dans le dos.
Laïla suffoqua, la respiration coupée. Elle tomba à genoux. Des points noirs commençaient à apparaître devant ses yeux.

Toute la scène se passa plus que rapidement et NAthan n'avait pas une seconde à perdre. Le peu de temps que lui avait accordé son élève devait lui permettre d'agir en leur faveur. Il se fixa dans la pièce, près du coin où se trouvait la fenêtre pour murmurer quelques paroles, ses poèmes qu'il n'avait jamais appris mais qu'il semblait connaitre depuis toujours et au delà.



Une fois ces quelques mots récités, plusieurs longues et robustes perches de métal noir sortirent du sol, des murs et du plafond pour venir s'y planter. Mais ce n'était pas de simple perches, celà ressemblait plutôt à un assemblage compact de barreaux qui ne laissait que peu d'ouverture, dressant une cage autour du "Paladin" et de son disciples. Rien dans cette pièce n'aurait pu entamer la solidité du métal, ce qui laissait largement de temps au professeur d'aller s'accroupir près de Laïla, pour vérifier son état. Elle avait été frappé dans le dos et semblait sombrer dans l'inconscience, en dehors du bleu qu'elle pourrait avoir, elle n'était pas en danger immédiat. Sa respiration avait été coupée sous le choc mais l'instinct de cette fille était bien plus fort que ça.

- Rien ne sert de courir... Monsieur Vanaheim !

Nathan attrapa la jeune fille dans ses bras et se releva doucement pour appercevoir une partie du visage du "Paladin" derrière les barreaux très serrées de sa prison. Il ne pouvait plus faire de mal à grand monde comme ceci mais il n'était peut être pas seul.

- Je préfère partir que de rester en votre compagnie !

- Je n'ai pas un mauvais fond mais il faut bien éliminer ce qui pertube les créatures du seigneur !

- J'en suis une moi aussi...

- Vous n 'êtes une souillure Monsieur Vanaheim, une offense a Dieu. Seul lui devrait avoir ce genre de pouvoir et de plus, vous dénaturez la valeur de ses créations. Il nous a crée parfait Monsieur Vanaheim... nous ne pouvons vous laissser vous reproduise et ainsi souiller la pureté de notre sang !

- Je vois que vous avez des opinion très tranchées...

- Ne vous en faites pas ! Je prierais quand même pour le salue de votre âme... si tant est que vous en ayez une bien sur !

Nathan lui tourna les talon, ne préférant pas lui répondre et entrer dans une débat idéologique pour aurait pu durer plusieurs heures, laissant tout le temps à ses collègues potentiels de leur mettre la main dessus. Il passa facilement par la fenêtre pour contourner le batîment. Il déposa la jeune fille contre un buisson pour arriver devant la loge du concièrge du complexe sportif. Il lui dit très calmement qu'il devait se rendre avec un élève à l'hopital et qu'il devait s'absenter. Le concièrge lui dit qu'il passera le message aux élèves du club de piscine et qu'il vérifierait qu'ils soient sortis à l'heure. Nathan passa récupérer son élève, contournant chaque bâtiment afin d'éviter les mauvaises rencontres.

Il ne pouvait pas emmener la jeune fille chez elle, il savait qu'elle était aussi recherchée. Il ne pouvait pas aller chez lui non plus, il se savait surveillé. Il n'avait plus d'autre choix, il aurait préférée ne pas introduire la jeune fille aussitôt dans le cercle, qu'elle en saches un peu plus mais c'était la seule solution. Lui et ses "amis" avaient loué un appartement dans un quartier assez éloigné du centre ville. Il n'était pas occupé en permanence mais c'était un refuge pour ceux qui en avait besoin. Les "Paladins" devaient surveiller les alentoirs, ils fallait être très prudent... c'est pour celà que...



Une petite lueur se forma sur le sol, une créature apparut au moment où celle-ci disparue. Elle n'avait rien d'humaine, ni sa taille, ni son apparence. Elle aurait pu être décrite comme une fée mais elle était tout autre chose. Une créature d'une dizaines de centimètres, elle ressemblait à une femme mais sa peau était pratiquement noire, ses affichaient un mauve très pâle, elle avait de long cheveux couleur charbon et disposait d'une petite paire d'ailes de plumes noires dans le dos qui semblait bien sur la porter dans les airs. Nathan tendit la mains et l'ouvrit, la créature s'envola rapidement pour venir s'y poser.

- J'ai besoin de toi pour me dire si le chemin est libre ! Peux tu faire ça pour moi ?

La créature, cette fée, acquiesça d'un geste de la tête avant de s'envoler, quand au professeur, il reprit son élève en mains et continua sa progression.

Laïla sentit qu’on la soulevait de terre. Elle se raidit, mais elle sentit que c’était M.Vanaheim qui la portait. Elle le sentait, sûrement grâce à ses sens, grâce au contact, grâce à l’odeur, elle ne savait pas trop…Elle se détendit, elle se savait en sécurité.
Au bout d’un moment, elle reprit totalement conscience. Elle entrouvrit les yeux en entendant M.Vanaheim déclamer un de ses étranges poèmes. Elle écarquilla les yeux. Une étrange fée venait d’apparaître et de s’envoler, sur les ordres du prof.

-C’était quoi, ça ?

Laïla se dégagea doucement des bras de Nathan. Elle pouvait marcher sans problème. Elle avait juste un tout petit peu mal au dos. Elle sourit à Nathan, heureuse de voir qu’il n’avait pas l’air blessé. Elle lui dit d’un ton malicieux :

-C’est moi qui vous ai sauvé la vie, cette fois ! Mais c’est la deuxième fois que vous me la sauvez. Merci.

Laïla se promit d’essayer de ne plus se faire sauver : elle devait être capable de faire face seule au danger. Elle ne devait plus être un poids pour son professeur. Elle se rendit compte qu’elle ne lui avait attiré que des ennuis depuis la veille. Elle avait mis fin à sa tranquillité et sa sécurité.
Ces pensées l’attristèrent. Elle avait toujours eu horreur de mêler les autres personnes dans ses problèmes, elle n’aimait pas faire souffrir les gens qu’elle appréciait. Mais en même temps, elle sentait qu’elle était liée à son professeur.
Au beau milieu de la rue, elle s’arrêta et regarda Nathan dans les yeux.

-M.Vanaheim, je m’excuse pour tout ce que je vous ai fait subir. Je ne vous ai attiré que des ennuis. C’est de ma faute si vous êtes en danger. A cause de ce putain de dessin…

Elle n’eut pas le temps de s’excuser de sa vulgarité : la petite fée revenait déjà.

Laïla regarda l’appartement. Il n’y avait personne, même s’il semblait avoir été habité quelques temps auparavant. Un lourd silence s’installa. La jeune fille fut soudain emplie d’une grande gêne : elle était seule, dans cet appartement, avec M.Vanaheim. Certes, elle l’appréciait beaucoup et le respectait, mais au final elle ne savait pas grand-chose de lui.
Elle savait qu’il ne lui ferait rien. Du moins elle l’espérait…Elle se tourna vers lui, tout en essayant de paraître la plus naturelle possible.

-Je suppose que c’est un refuge pour les Néphilims dans le besoin…Est-ce que je peux appeler mes parents ? Ils doivent déjà s’inquiéter…

Elle regarda à nouveau autour d’elle, puis planta ses yeux dans ceux de son professeur.

-Mais…combien de temps allons nous rester ? Nous n’allons pas rester cachés toute notre vie. Et notre disparition ne passera pas inaperçue.

Elle se passa une main dans les cheveux. Elle savait déjà qu’elle ne supporterait pas de rester enfermée ici longtemps.

-Et puis il y a des choses dont on a pas parlé ! Comme le dessin, par exemple. En quoi il vous a suggéré que je suis moi aussi une Néphilim ?

Elle s’appuya contre le mur. Elle se sentait prise d’une grande lassitude.