"Nephilim"

Pendant que Nathan parlait, Laïla observait le plus discrètement possible les nouveaux venus. Elle sentait que malgré leur apparence humaine, aucun d’eux ne l’était vraiment. Tous semblaient avoir des capacités plus ou moins dissimulées.
Elle qui avait toujours été sûre d’elle était maintenant intimidée. Elle ressentait un immense respect face à ces personnes dont elle ne connaissait même pas les noms. Elle se demandait comment elle pourrait un jour à arriver à leurs chevilles.
Les mains de Nathan sur ses épaules, qui l’auraient rendue nerveuse dans d’autres circonstances, la rassuraient. Elle sentit que son professeur ne la laisserait jamais tomber.
Son regard parcourait discrètement les quatre personnes, qui étaient absorbées par le récit de Nathan.
En un regard, elle savait qu’elle n’appréciait pas tellement la magnifique femme brune. Cette perfection cachait sûrement un être imbu de lui-même et peut-être cruel. D’ailleurs, lorsqu’elle avait regardé Laïla, celle-ci avait perçu un certain mépris dans ses yeux. En plus, elle draguait Nathan avec une ostentation un peu gênante. A ce moment là, la femme regarda Laïla. Elle lui fit un petit sourire condescendant, puis reporta son attention sur Nathan.
Laïla se jura qu’elle ne laisserait jamais cette créature de rêve lui marcher sur les pieds.
Son regard bascula sur le géant. Cet homme était impressionnant, mais il n’avait pas l’air très fin. Par contre, Laïla sentait qu’il devait être beaucoup doux et gentil qu’il n’en avait l’air.
La femme blonde, la plus âgée du groupe, était celle qui avait l’air le plus engageant. Elle lançait de temps en temps un petit sourire rassurant à Laïla.
Par contre, le jeune garçon paraissait plutôt réservé et effacé. Il n’était pas spécialement beau et n’avait pas l’air d’avoir beaucoup de personnalité. Laïla lui prêta un peu moins attention qu’aux autres.
Nathan termina son récit. Tous se tournèrent vers Laïla, en lui souriant d’un air compatissant. La femme blonde prit la parole :

-Ca a du être dur pour toi ! Tout s’est précipité en même temps ! Ca ne doit pas être évident à accepter comme situation…

Laïla fit un petit sourire et répondit :

-En fait, je n’ai pas vraiment eu le temps de réaliser…

Le géant prit la parole, d’un ton un peu bourru mais en souriant :

-Bon, en attendant ces fichus jumelles qui sont toujours en retard, je propose qu’on se présente tous à Laïla, pour qu’elle soit un peu moins perdue. Je suis Frédéric Herat, mais tu peux m’appeler Fred. Je suis videur dans une boîte de nuit, le Mango. J’ai la capacité de voir les esprits des morts, mais je ne peux pas communiquer avec eux. J’ai ce pouvoir depuis que je suis tout petit…

Il se tourna vers la femme blonde, qui sourit et se présenta à son tour :

-Moi, je suis Marie Dutilh. Je suis archéologue et peintre à mes heures. Je n’en ai pas l’air, mais j’ai exactement 62 ans. Ca fait plusieurs décennies que mon corps ne vieillit pas. Je ne vais pas m’en plaindre ! Je suis mariée et j’ai deux enfants, qui ont 25 et 27 ans. Ni eux ni mon mari n’ont la même capacité que moi à ne pas vieillir. J’ai aussi le pouvoir de percevoir quelques bribes du passé, ce qui peut être très utile et très intéressant.

La femme brune prit la parole, d’un ton légèrement ennuyé :

-Je suis Karine Callio, 23 ans, mannequin pour un magasine de mode et accessoirement je fais des études de lettre. Je peux voir parfaitement dans le noir. J’arrive également à influencer l’humeur des gens, j’arrive à les apaiser, à leur procurer du plaisir et à influencer leur amour. Ca marche très bien sur les humains normaux, mais rarement sur les autres Néphilims.

En disant cela, elle jeta un bref regard vers Nathan. Tous se tournèrent ensuite vers le jeune garçon, qui n’avait encore rien dit. Ce dernier prononça d’une voix presque atone, mais avec un léger sourire aux lèvres :

-Je suis Clément Kesso. Je suis en fac d’informatique, de temps en temps. Sinon, j’ai la capacité de passer inaperçu et je me fais facilement oublier. Ca sert, souvent. J’arrive parfois à modifier la perception des gens, à leur faire croire qu’ils voient des choses alors qu’elles n’existent pas. Seul certains Néphilims arrivent à percer mes illusions.

Il fit un petit sourire à Marie, qui le lui rendit. Marie se tourna vers Laïla et lui demanda en souriant :

-Et toi, Laïla, quelles sont tes capacités de Néphilim ?

A ce moment là, la porte d’entrée s’ouvrit, et deux personnes entrèrent dans le salon.

Laïla se prit immédiatement d’affection pour les deux petites filles. Elles étaient trop mignonnes ! En plus la jeune fille avait toujours rêvé d’avoir un petit frère ou une petite sœur.
Elle resta bouche bée devant les points communs entre elle et les jumelles. Elles avaient les mêmes pupilles, les mêmes oreilles…
D’après les dires de Nathan, elles communiquaient avec la nature. Laïla repensa à ce qu’il s’était passé plus tôt dans la journée, « l’avertissement » de l’arbre…Peut-être qu’elle aussi avait cette capacité, à moindre échelle.
Les dernières paroles de Nathan laissèrent Laïla sans voix. Elle devrait se cacher. Peut-être devrait-elle changer d’établissement, pour ne pas que leurs ennemis ne la retrouve. Peut-être même qu’elle devrait fuir…Sa vie ne serait plus jamais la même.
Elle regarda Nathan. Elle était maintenant liée à lui, sûrement jusqu’à la fin de sa vie.
Toutes ces pensées lui donnèrent envie de pleurer. Cependant, elle refusait de se laisser aller devant tout le monde et ravala ses larmes. Cependant, les jumelles sentirent son désarroi, et chacune d’eux saisirent une main de Laïla en lui faisant des sourires amicaux. Laïla, touchée, leur rendit un sourire.
Après le discours de Nathan, Karine haussa un sourcil et dit :

-C’est risqué, ce que tu compte faire. Comment veux-tu reprendre tes cours tout en effaçant les informations sur toi ? Toi et la gamine, vous leur avez échappé deux fois de suite. Ils vont redoubler de vigilance et de virulence. La meilleure solution, c’est de fuir dans un autre pays. Et ça vaudrait peut-être mieux pour nous tous qu’on fasse de même.

Les autres parurent choqués par les paroles de la jeune femme. Clément prit calmement la parole :

-Moi, je ne risque rien, vu que je peux disparaître quand je veux. Mais tu crois pas que si on s’en va tous, sans raison, en même temps, ça ne ferait pas un peu louche ? Ils n’auraient qu’à suivre nos traces.

Marie acquiesça vivement et renchérit :

-Clément a raison. En plus, où irons-nous ? Nous ne sommes sûrement pas les seuls Néphilims de la planète, et ils ne sont donc pas les seuls chasseurs. Où qu’on aille, on finirait par être traqués.

Les jumelles renchérirent en chœur :

-Je veux pas partir, moi !

-Moi non plus !

Karine soupira et afficha une mine boudeuse :

-J’ai pas envie d’attendre sans rien faire qu’un psychopate vienne me trucider.

Laïla, à la surprise générale, prit la parole :

-C’est pour ça qu’il faut prendre les devants. Je ne pense pas que fuir soit une bonne solution. On ne pourrait pas effacer définitivement nos traces. Et je crois personne ici n’a envie de passer sa vie à changer d’endroit et d’identité. Comme l’a dit Marie, nous ne sommes pas les seuls Néphilims du monde. Il faudrait entrer en contact avec eux. Je crois qu’il faut qu’on arrête de se planquer et qu’on passe à l’attaque, nous aussi.

Tout le monde l’écoutait attentivement, se demandant où elle voulait en venir. La jeune fille poursuivit :

-Il ne faut pas oublier que ce sont de simples hommes qui nous pourchassent. Nous, nous avons des pouvoirs immenses ! Si nous nous unissons, nous seront plus puissants qu’eux ! Ils ne doivent plus nous obliger à nous cacher et à masquer ce que nous sommes véritablement. Nous ne sommes pas les monstres qu’ils prétendent.

Ses yeux verts parcoururent la petite assemblée, attendant des réactions.

Nathan écouta les réaction de tout le monde et plus particulièrement celles de son élève qui bien qu'elle venait d'arriver dans ce cercle très fermé voulait déja révolutionner le monde. Les jumelles et le géant étaient plutôt favorable à ce genre de tactique alors que le reste du groupe semblait plus réservé. Ils se regardèrent les uns les autres, attendant qu'un premier puisse prendre la parôle. Mais ce fut Nathan qui s'exprima le premier après un bref instant de réflexion.

- Je ne pense pas qu'un assaut de front soit la meilleure des solutions. Même si nous avons certains "dons", nous nous devons de rester humble pour ne pas devenir ce que les humais, qui nous ont pouchassé, redoutent tant.

Tous ont été surpris des parôles du professeur mais en y réfléchissant, celà lui ressemblait bien. Il ne se sentait pas l'obligation d'utiliser ses pouvoir pour sauver ou damner le monde et tant qu'il le pouvait, il ne les exposait pas.

- Je n'ai pas l 'intension de mener une guerre et de rassembler tout ceux qui sont comme nous et de nous dévoiler au monde. Je veux juste vivre normalement et si celà veut dire rester dans l'ombre, ça me suffit amplement. Cependant, je suis prêt à défendre cette liberté... ce qui n'est pas la même chose !

Clément et Karine acquiescèrent Nathan :

- Je suis d'accord, je n'ai pas envie d'aller me battre... mais il ne sera pas nécessaire de le fiare dans un premier temps.

- Ce n'est pas comme si nous allions tuer tout ces humains après tout !

Frédéric lui soupira en se faisant craquer les articulations des doigts :

- Une petite baston, ça défoule bien pourtant !

Karine quand a elle les écoutait en tortullant une mèche de ses cheveux autour de son doigt. Elle n'était pas du genre à se taire mais le fait qu'elle soit pensive n'était pas très rassurant.

- Peut être que si ils étaient tous morts nous n'aurions plus de problèmes. Après tout, ils ont bien tué l'une des notre si je me souviens bien et contre celà nous n'avons rien fait !

Un grand silence envahit alors la pièce alors que les jumelle se jettèrent sur Karine pour placer leurs petits doigts fins en travers de sa bouche en le regardant d'un air sévère. Marie lui envoya un regard des plus sévère, Clément fit comme si il n'avait rien entendu et Frédéric semblait des plus mal à l'aise. Quand à Nathan, il s'était figé dans le temps et paraissait des plus immobile durant quelques instants avant de réajuster comme à son habitude ses lunettes.

-... Certes...

Nathan se retourna vers la fênetre pour regarder à travers les stores sans dire un mot, frédéric plaça sa mains contre son front en grimaçant :

- Aie aie aie... Karine...

Les jumelles montrèrent les dents à cette dernière qui soupira de plus belle, dégageant leurs fines mains de devant sa bouche.

- Je sais, je sais... mais cette gamine vient d'arriver et paf, elle essait de nous mettre des idées de révoltes plein la tête alors qu'elle ne sait rien de ce qui est arrivé avant ! Je pense que certains d'entre vous ne veulent pas revivre cette tragédie non ? C'est pour ça que je préfère fuir que d'attendre que l'un de nous ou même moi se fasse attrapé ou pire encore !

Karine jeta un air hautain à Laïla comme pour lui reporter la faute de ce qui venait de se passer. Les jumelles et Maire avaient déja compris cette manoeuvre, Clément semblait être d'accord avec avec Karine car après tout, ça ne faisait pas 10mn qu'ils se connaissaient. Un long silence s'installa alors dans l'appartement , et rompu quelques minutes plus tard par Nathan.

-Quoi qu'il en soit...

Ils se retournèrent tous vers lui.

- Je me présenterais au lycée demain. Je n'ai pas à vivre dans l'angoïsse, c'est ce que nos agresseurs recherchent. Après tout, ils sont venu pour moi et Mlle Avena ne semble pas les intéresser plus que ça. Si je fuis, ils chercheront à faire pression sur moi par de nombreux moyens mais si je reste au grand jour, certes ils essaieront de m'avoir mais peut être qu'ils partiront ensuite !

Nathan retira lentement ses lunettes pour se frotter les yeux.

- Bien, il se fait tard et je pense que nous aurons tous l'occasion de réfléchir cette nuit. Mlle Avena, il y a un portable d'urgence dans le tiroir de la commode derrière moi, vous pouvez prévenir vos parents que vous ne dormirez pas chez vous les prochains jours et arrangez vous avec une amie pour passer les prochaines nuits là-bas. Ce soir vous serez ici avec moi et ensuite... nous aviserons !

Finalement, tous semblaient plus que songueur et se résignant pour finir à cette solution. Ils manquaient d'informations et dans un premier temps, ils feraient confiance à la stratégie de Nathan, en gardant un oeil sur lui en tout cas.

Après les dernières paroles de Nathan, Laïla se dirigea vers la commode, saisit le téléphone qu'il y avait dedans et s'éclipsa dans la pièce à côté, qui était une petite chambre avec un grand lit. Elle avait du mal à supporter cette ambiance tendue. Elle ne savait que penser de ces gens, qui l'accueillaient plus ou moins bien.
Elle prit une grande inspiration pour se dégager du malaise qu'elle ressentait, s'assit sur le lit et composa le numéro de sa maison. Ce fut sa mère qui décrocha, d'une voix inquiète :

-Allô ?

-Maman, c'est moi, Laïla.

-Laïla ! Mais où es-tu ? Ca fait des heures que tu aurais du être rentrée ! Avec ton père on était morts d'inquiétude !

-Je suis vraiment désolée, mon portable n'a plus de batterie. Je suis chez...Manon, tu sais, celle qui est en fac. Elle m'a demandé de l'aider à emménager dans son appart. Je vais rester chez elle quelques jours.

Sa mère protesta, mais la jeune fille sentit qu'elle était rassurée. Finalement, elle raccrocha.
Laïla avait pensé à Manon, car c'était une de ses seules amies qui n'était pas au lycée. En plus, elle savait qu'elle ne lui poserait pas de questions. Maintenant, elle devait l'appeler.
Quand elle décrocha, elle lui demanda si elle pourrait l'héberger à partir du lendemain. Manon accepta immédiatement : elle aidait toujours ses amis dans le besoin.
Laïla posa le portable à côté d'elle et s'allongea sur le lit. Elle ne put s'empêcher de sourire : au moins, elle savait qu'il y avait des personnes sur qui elle pouvait compter. Elle était également rassurée pour sa famille : ses parents allaient bien.
A ce moment là, deux petites silhouettes s'introduisirent silencieusement dans la chambre. Laïla se redressa immédiatement. Elle sourit : c'était les jumelles. Elles s'assirent avec un sourire de chaque côté de Laïla. L'une d'elle demanda :

-Alors c'est quoi tes pouvoirs, à toi ?

-Je me déplace et me bat comme un félin. Et je crois que je peux aussi communiquer avec la nature, comme vous deux.

Les jumelles se regardèrent. L'une d'elle se tourna vers Laïla :

-Tu crois que tu peux parler avec Vicky ?

-Qui est Vicky ?

L'une des jumelles remonta sa manche. Laïla écarquilla les yeux : une toute petite vipère était enroulée autour de son poignet. Avant qu'elle ne puisse se demander si c'était un vrai, le reptile releva la tête et regarda la jeune fille dans les yeux, dévoilant ses crochets.
Laïla ressentit soudain une pointe d'animosité venant du serpent. La petite fille qui le portait fronça les sourcils et dit :

-Vicky, ne sois pas si méchante !

La vipère sembla se rétracter sous les reproches de sa maîtresse. Laïla tenta d'envoyer au serpent une sensation de paix. Le reptile parut se détendre. La pointe d'animosité avait disparu. La petite fille fit un grand sourire à Laïla :

-Toi aussi tu peux parler aux animaux ! T'es comme nous !

-Oui, je suis comme vous, dit Laïla en souriant. Comment vous vous appelez, au fait ?

-Moi c'est Maya, répondit la fille au serpent.

-Et moi c'est Miki.

-Il faut qu'on te montre notre jardin secret, un jour ! S'exclama Maya.

A ce moment là, Karine entra dans la chambre, sans frapper.

-Vous venez, les filles ? Je vous ramène.

Les jumelles poussèrent des exclamations de joie et se précipitèrent vers la jeune femme. Avant de sortir, Karine lança un regard à Laïla, puis murmura pour ne pas que les jumelles entendent :

-Nathan c'est ma proie. Je ne te laisserai pas y toucher.

-J'en avais pas l'intention, répliqua sèchement Laïla. Mais s'il n'a pas encore succombé à tes charmes, il ne succombera jamais.

Karine eut un petit rire et sortit de la pièce. Laïla la suivit peu après. Dans l'appartement, il n'y avait plus qu'elle et Nathan.

Laïla resta quelques instants plantée dans le salon, ne sachant trop que faire. Puis elle se glissa dans la petite cuisine et fouilla un peu les placards. Elle dénicha rapidement du thé, une théière et des tasses. Elle fit chauffer de l’eau dans une bouilloire, puis laissa infuser le thé vert dans la théière. Pendant ce temps, elle laissa ses pensées dériver. Elle songeait à ses rêves si réels, à ces personnages et ces lieux si étranges et pourtant si familiers. Elle repensa au lac qu’elle avait dessiné : son cœur battait plus fort quand elle y pensait, comme si elle avait une affinité particulère avec ce lieu.
Elle revint à la réalité : le thé était infusé. Elle le versa dans deux tasses et les emmena au salon. Elle les posa sur la table basse et dit à Nathan :

-J’ai préparé du thé, si vous voulez.

Elle s’assit sur le canapé, sa tasse à la main. Un silence s’installa. La jeune était un peu gênée, bien qu’elle n’en laise rien paraître. Elle se décida à lui poser timidement une question :

-M.Vanaheim…Êtes-vous sûr qu’il soit prudent pour vous de retourner au lycée ? Enfin, je sais que ce n’est pas prudent, mais peut-être prenez-vous un peu trop de risque…

Elle se tut, ne voulant pas le froisser.

Laïla fut un peu vexée d’être congédiée comme ça. Mais elle devait admettre que la journée avait été longue…Elle tombait de fatigue.
Elle répondit cependant :

-Je sais très bien que la fuite n’est pas la solution, justement ! Mais je m’inquiète que vous soyez seul à braver le danger.

Elle s’enfonça dans le canapé et ferma brièvement les yeux.

-Vous avez raison, cessons d’en parler pour l’instant. Bonne nuit.

Elle se leva et entra dans la chambre. Elle se déshabilla rapidement et se glissa nue sous la couette. Elle s’endormit dans les secondes qui suivirent.
Cette nuit-là, elle fit un de ces rêves incroyablement réaliste. Elle était dans une jungle dense, chaude et humide. Elle se sentait à l’aise, dans son élément. Elle grimpait avec agilité d’arbre en arbre. Elle était entourée d’une dizaine d’hommes et de femmes chat. Tous avançaient dans les branches plus silencieusement que le vent. Laïla sentait qu’ils étaient en chasse, mais elle ne savait pas de quoi. Tous avaient l’air concentrés, voire tendus. Soudain, tous s’arrêtèrent et leurs regards convergèrent vers un endroit sur le sol. Laïla regarda à son tour, mais elle se réveilla.
Elle ouvrit les yeux, le cœur battant. C’était la première fois qu’elle incarnait vraiment quelqu’un dans ce genre de rêve. D’habitude, elle était seulement témoin. Elle regarda sa montre : il était 5h30 du matin. La jeune fille savait qu’elle n’arriverait pas à se rendormir. Elle se glissa hors de son lit, enfila sa culotte et son T-Shirt et sortit à pas de loup de la chambre.
M.Vanaheim était allongé sur le canapé, recouvert d’une couverture. Laïla fut prise de remords : elle s’était auto-appropriée la chambre.
Elle entra dans la cuisine et se prépara un thé. Elle fouilla dans les placards et trouva quelques biscuits secs, qu’elle trempa dans sa boisson.
Laïla état plongée dans ses pensées quand elle entendit un grattement contre la fenêtre de la cuisine. Elle se tourna et vit un chat noir qui grattait la vitre. Laïla s’approcha : l’animal était maigre, son poil était terne. A travers la vitre, leurs regards se croisèrent. Laïla ressentit au plus profond de son être le mot : « faim ».
Elle remplit rapidement une coupelle de lait, dans laquelle elle glissa des petits morceaux de biscuits. Elle ouvrit la fenêtre et la posa à côté du chat. Ce dernier lança un regard méfiant à Laïla ; celle-ci recula, et le félin se décida enfin à laper le liquide.
Quand il eut fini, il regarda Laïla, et elle ressentit un mélange de méfiance et de gratitude. Le félin disparut sans demander son reste, et Laïla resta plantée là, encore ébahit par la découverte de son nouveau pouvoir.